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Du Vivant Sous Les Plis

Essaimer

Vidéo-danse in-situ & Création
 

Première le 12 octobre 2023 au théâtre de l'Étincelle, Rouen 

Distribution 

Conception, Chorégraphie et Interprétation :

Margot Dorléans
Danseuses & collaboratrices : Flora Pilet et Véronique Weil
Création sonore : Clément Edouard

Vidéaste, Accompagnement scénographique :Laure Delamotte-Legrand
Conception et création modules de roseaux: Association RozeauDavid Baptista

Lumières: Séverine Rième

Régie générale: Thomas Quenneville

Extrait du travail en cours in situ :
https://vimeo.com/659929545/391d3602e4

 

Essaimer - performance issue du travail en cours,
présentée dans le cadre de Pharewell au Phare,
CCN du Havre Normandie le 2 décembre 2021

(à partir de 6’25) :
https://vimeo.com/659931311/2d3599c869

Cette création est le fruit d’une recherche in-situ qui rencontre le paysage des roselières et y inscrit le corps en mouvement. Comment nous servir du corps pour entrer en contact avec le paysage, l’habiter, pour en célébrer la nature ?

Essaimer rassemble une équipe pluridisciplinaire qui œuvre à construire un univers sensible autour de la matérialité du roseau comme une invitation à ressentir et à vivre le territoire pour mieux re-penser nos manières de l’habiter.

 

La chorégraphie est celle d’un corps-paysage rassemblant au plateau 3 danseuses et une scénographie en roseaux. Elle donne lieu à différents états de présence et tente de retranscrire en mouvement la façon dont un paysage peut nous faire entrer en nous-même et rencontrer un ailleurs. Une autre dimension du sensible dont la chorégraphie alliée à la création sonore, libère une puissance invisible, agissant au-delà du corps, pour mieux se relier au vivant en nous et autour de nous. 

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Intentions

La crise sanitaire nous invite à prendre davantage conscience de notre environnement et de la façon dont on y vit. Le besoin d’espace est prégnant et la nature propose des échappées bienfaisantes à nos corps et à nos esprits. C’est dans cette optique que j’envisage le projet Essaimer. Dans ma recherche chorégraphique, la matière-corps est souvent ce qui motive le désir de création et j’appréhende le corps comme un paysage multi-couche, une géographie sensible. Aussi ce lien avec le paysage en tant qu’espace naturel et matière sensible m’inspire tout particulièrement. Je conçois le projet en plusieurs phases de recherche avec, notamment des temps d’itinérance et d’immersion dans les roselières du Parc Naturel Régional de l’Estuaire de la Seine, proches du Havre, et en lien avec la maison de L’Estuaire, basée au Havre. Néanmoins, chaque résidence menée en-dehors de ce territoire, pourra être l’occasion de découvrir de nouvelles roselières et d’y être en travail.

 

Un spécialiste du terrain accompagnera, pour les premiers pas dans les roselières, l’équipe artistique afin de l’aiguiller dans sa récolte de matière sensible. Ces différentes explorations dans le milieu aboutiront à différents travaux; notamment la production d’une vidéo-danse directement-issue du temps immersif. Il sera proposé, d’autre part, une transposition de ce temps immersif sous forme d’installation performative dans un lieu partenaire où production vidéo et photographique, production sonore (issue de l’environnement sonore de la roselière), productions plastiques (issues de la matérialité du roseau) et chorégraphiques dialoguent ensemble. L’élément chorégraphique pourra s’y ajouter ou s’y soustraire; en fonction des lieux de présentation du travail l’installation pourra être exposée, le public pourra ainsi en faire l’expérience en-dehors du cadre de la performance. La symbolique du roseau traverse les cultures; elle est présente dans nos textes bibliques, la mythologie grecque aussi bien que dans les rites Shintô, chez les derviches tourneurs ou encore chez les Aztèques; sans parler des poètes qui ont utilisé sa puissance évocatrice de fragilité et de flexibilité.

Le roseau, est un maillon de l’écosystème local, en voie de disparition, et la roselière un milieu de transition entre Terre et Eau, entre milieu aquatique et milieu terrestre. En ce qu’il passe du rectiligne à l’incurvé, suivant le sens du vent, le roseau a cette double expression de référence et de mouvance offrant au corps plusieurs possibilités d’interaction qui invitent au passage. Je perçois cet espace naturel comme un espace de rencontre et un lieu de cohabitation avec le vivant dans le respect de ce qu’il incarne, de sa faune et sa flore. La roselière m’apparaît alors comme un espace poétique oeuvrant à une forme de reconnexion profonde entre nature et culture et comme une invitation à ressentir et à vivre le territoire pour mieux repenser nos manières de l’habiter.

Travail sonore

Les roselières offrent un environnement sonore très riche. Les roseaux ont un « souffle » induit parle vent et le rapprochement des tiges qui viennent frotter les unes avec les autres. Symboliquement, le roseau est également le premier instrument de musique (la flûte de Pan).

 

Pour Essaimer, la source première du travail sonore est liée aux enregistrements de sons récoltés in-situ dans différentes roselières, rencontrées au fil des quatre saisons. Chaque roselière a son ambiance: la proximité avec la mer ou avec un pont auto routier, la présence de chasseurs ou celle des oiseaux qui nidifient, le souffle du vent plus ou moins important lui donne sa mélodie propre. Éprouver ces fluctuations, les capter au plus près de ce qui peut s’écouter est la base de cette recherche commune mêlant corps, son et roseau. L’humain en temps que tel est présent de par ce qu’il a construit ou non autour mais son accès à ce type de milieu reste limité. C’est tout ce qui nous intéresse alors. À côtoyer les champs de roseaux, notre corps est à la bordure, entre route, terre, eau, humain, il se retrouve à la fois dans un corps à corps avec les éléments et avec ce qui ne l’est pas. Cette notion de frontière est au centre du travail de Clément Edouard, et se rapproche du concept de liminalité de l’antropologue Van Gennep : le seuil où certain rite de passage et autres transformations se déroulent. Dans les prises de sons on peut alors entendre et faire entendre, les mondes qui se frottent et dialoguent, celui de la culture et de la nature, par la présence des usines et des routes qui encercles souvent les roselières. Mais aussi celui des imaginaires, et des temps multiples, par la présence des corps et des voix qui viennent dialoguer, frotter avec le milieu ambiant. Ces expériences immersives sont le terreau pour faire naître la création sonore de cette pièce. Les matières prélevées sont à la fois utilisées de manière brut, mais aussi re-travaillées, et complétées par des sons numériques pour mettre en lumière la transformation lente que cette rencontre met en mouvement à l’intérieur de nous. La notion de cycle, de ce qui recommence, mais varie toujours; de ce qui est là mais latent, de ce qui est en veille mais présent, de ce que l’on entend mais ne voit pas, nourrit la composition. Pour donner de l’épaisseur, la voix qui peut être perçue comme un souffle à l’instar de celui des roseaux, s’invite, le paysage devient une expérience intime où le chant devient l’écho d’une reconnexion profonde à la nature.

Travail plastique

Nos regards croisés, entre usagers du corps (chorégraphe, danseurs) et usagers de l’espace (architectes), sur l’espace de la réserve s’inscrivent dans la démarche générale de l’association Rozeau qui s’enrichira de cette expérience. Pour la conception plastique qui en découlera, nous envisageons de réaliser trois à quatre prototypes de modules fabriqués à partir de roseau; mettant en scène plusieurs matérialités en rapport avec différentes ergonomies favorisant le déploiement du corps dans l’espace. Inspirés du travail de Charlotte Perriand pour ses études sur les différentes façons de s’assoir afin de dessiner des chaises, nous nous intéresserons notamment aux différentes postures des corps dansants, en exploration in situ, pour concevoir les modules. Au niveau de la production, la construction des premiers modules à base de roseau se fera au Hangar Zéro (laboratoire pour la transition énergétique). Nous pourrons organiser des chantiers participatifs qui mixeront à la fois des ateliers de sensibilisation à la danse et des ateliers de fabrication des éléments de scénographie. Dans son projet de construction, les porteurs du projet du Hangar Zéro, sont favorables à l’utilisation du roseau à grande échelle pour l’aménagement du Hangar et à développer les outils techniques nécessaires à cet effet. La collaboration entre le projet de la cie Du Vivant Sous Les Plis et celui du Hangar Zéro est à développer; il pourrait s’agir notamment d’organiser une présentation d’Essaimer au sein du Hangar Zéro.


De part la polysensorialité qu’offre l’environnement des roselières, nous souhaitons donner à éprouver ce milieu spécifique pour mieux en prendre soin, pour mieux regarder la diversité qui nous entoure et la pluralité de vies avec lesquels nous co-habitons. « Il faut apprendre à s’associer aux devenirs des matériaux, aux forces et aux flux qu’ils contiennent, aux puissances qui les animent »

De la nécessité du paysage, Jean-Marc Besse.

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